16 avril 2025

Catégorie - Carrière - Mutation

Compte rendu du groupe de travail CPE - 10 avril 2025

Compte rendu du groupe de travail CPE - 10 avril 2025

Le groupe de travail sur le métier de CPE, tant attendu et réclamé, s’est tenu jeudi 10 avril au rectorat avec à l’ordre du jour la prévention des risques psycho-sociaux chez les CPE, les risques présentés par une dérive managériale du métier et un bilan du profilage des postes que nous combattons. Le SNES-FSU, porteur de cette demande et de l’ordre du jour validé en intersyndicale, a été unanimement reconnu pour la qualité de son travail réflexif et des propositions concrètes faites à l’administration. Une grande part en a été retenue par M. Le Gall, secrétaire général, qui présidait à cet échange nourri et constructif de 2 heures.

CPE et risques psycho-sociaux

L’exposition des CPE à au moins 4 facteurs de risques psycho-sociaux (sur 6) a été rappelée ainsi que la nécessité d’agir sur les 3 niveaux d’action préconisés par l’OMS : prévenir, repérer et traiter et enfin réparer et accompagner. Sur le volet prévention, plusieurs actions sont proposées à commencer par faire un état des lieux en s’appuyant notamment sur le questionnaire qualité de vie et conditions de travail. Ce questionnaire est une belle avancée mais il est indispensable de l’affiner en formation spécialisée afin de mieux cibler les problématiques propres au métier de CPE et de les distinguer de celles propres aux fonctions d’assistantes d’éducation. Le SNES-FSU se saisira de cette possibilité et invitera l’ensemble des collègues à compléter les questionnaires afin de repérer les difficultés et de proposer des pistes pour améliorer leur quotidien professionnel.

Le SNES-FSU a également insisté sur l’impératif de mieux faire connaître la circulaire de missions des CPE pour sortir des hiatus permanents qui peuvent être à l’origine de tensions avec les différentes interlocuteurices. Il a porté la proposition d’une formation magistère à destination en particulier des cheffes d’établissement en rappelant plusieurs fondamentaux, notamment la liberté pour le ou la CPE d’organiser ses missions et le cadrage horaire légal clairement défini par notre circulaire. M. Le Gall s’est dit favorable à une explicitation des missions des CPE au moment de l’entrée dans le métier mais aussi à une « piqûre de rappel ».
Le caractère bénéfique des journées d’analyses de pratiques mises en place par l’inspection afin de rompre l’isolement des CPE a été salué et le SNES-FSU a fait part de son souhait de les voir se déployer à part égale dans toutes les ZAP de l’académie. Anticipant sur un possible arrêt du système PASS par la MGEN, M. Le Gall qui s’est montré sensible à la charge émotionnelle qui pèse sur la profession, est en réflexion sur des modalités alternatives d’écoute avec des psychologues du travail.
Enfin, en matière de prévention le SNES-FSU, a rappelé qu’il est du ressort de l’employeur de former les agentes sur les RPS, comment s’en protéger et le repérage des signaux d’alerte. En attendant que cette formation soit effective, nous invitons toutes et tous les collègues qui sont intéressées à s’inscrire au stage « CPE et risques psycho-sociaux » organisé par le secteur CPE du SNES Bordeaux le 3 juin 2025 au lycée François Mauriac à Bordeaux (consulter ici la page dédiée au stage). L’autorisation d’absence est de droit lorsque la demande est faite un mois avant la date du stage, soit le 3 mai au plus tard.

Concernant le repérage et le traitement des situations, les organisations syndicales ont été identifiées comme possibles lanceuses d’alerte, en accord avec les collègues concernées. En effet, le constat d’une méfiance de la profession à l’égard de l’inspection en ce qu’elle n’est pas issue du corps et qu’elle est partagée avec les cheffes d’établissement, est largement partagé et regretté. De plus, le passage par la voie hiérarchique pour sa saisie par l’agente est un frein, notamment en cas de relations conflictuelles avec le ou la cheffe d’établissement. Le SNES-FSU a fait la proposition d’un cadrage des inspections conseils par la rédaction d’un protocole qui serait de nature à rassurer les collègues en difficulté. M. Le Gall a retenu la possibilité de la rédaction d’une fiche action qui apporterait un éclairage et de fiches ressources qui permettraient aux collègues en difficultés d’identifier les différentes interlocuteurices. A cet égard, les DRH de proximité ont également été identifiées comme possibles tiers médiateurs en plus des IPR-EVS qui restent largement disponibles et à l’écoute pour accompagner les CPE en difficulté. L’administration dans son ensemble souligne l’importance de la mobilisation du collectif de travail pour améliorer le repérage et le traitement des situations.
Concernant la saisie de fiches sur le registre STT (désormais en ligne via arena) il est à noter qu’elles ne sont une alerte que pour les services RH et ne remontent pas jusqu’au corps des IPR-EVS. Dans tous les cas, le SNES-FSU se tient à disposition pour vous accompagner dans vos démarches.

En l’absence du DRH, retenu par les oraux du concours des personnels de direction, c’est sur la question de la réparation et de l’accompagnement que nous avons le moins avancé. Toutefois le SNES-FSU a insisté sur le fait que, dans l’état actuel des choses, le seul traitement offert aux agentes en souffrance professionnelle repose sur une alternative inacceptable entre congé maladie et mutation, avec tout ce que celle-ci comporte d’incertitudes dans le cadre d’un mouvement très contraint.


CPE cheffe de service et évaluateurice stop à la dérive managériale !

Si l’administration rectorale fait incontestablement des efforts pour ne pas nous qualifier de « cheffe de service », les organisations syndicales ne sont pas à l’unisson sur le sujet. Pour le SNES-FSU, le cœur du métier doit rester le suivi individuel et collectif des élèves et les tâches managériales déléguées par les cheffes d’établissement ne font que brouiller un peu plus une identité professionnelle largement méconnue en plus d’accroître une charge de travail déjà trop lourde. Les dernières évolutions, et notamment la possibilité d’une évaluation des AED cédéisées déléguée par les cheffes d’établissement, soulèvent des inquiétudes bien légitimes au sein de la profession : sur quels outils m’appuyer ? Comment vais-je être accompagnée ? Puis-je refuser cette délégation ? Quelles conséquences pour ma carrière, mon évaluation ? Quelles responsabilités juridiques ?

S’il demeure opposé à cette dérive vers une position managériale dont d’autres se satisfont, le SNES-FSU reste pragmatique dans son approche et à l’écoute de la profession. Il a ainsi soumis l’idée de la rédaction d’un référentiel de compétences pour les AED et d’une grille d’évaluation type. Pour M. Le Gall, les circulaires d’application ministérielles devraient arriver et permettre d’éclaircir un certain nombre de points. Mme Charrazac pour le corps d’inspection, est quant à elle confiante sur la capacité des CPE de l’académie à évaluer le quotidien de la vie des AED, même en l’absence de grille type. Une formation sera toutefois déployée en ZAP à partir de la rentrée 2025. Quant aux formations « management » qui ont été proposées, elles ont globalement peu été retenues par la profession dans les thématiques proposées en ZAP. Le SNES-FSU veut y voir le signe d’un attachement de la profession à prioriser son action autour du volet éducatif.

La délégation ne peut être refusée par l’agente mais doit faire l’objet d’un dialogue pour en définir les modalités. En cas de recours, l’administration souligne que la responsabilité juridique revient aux cheffes d’établissement et qu’il ne pourra en être fait reproche aux CPE, notamment au moment de l’évaluation. Afin d’en minimiser les occurrences, les SNES-FSU a obtenu que le livret AED soit complété en ce sens et mis en cohérence avec le guide de procédure des fins de contrat.


Le profilage c’est toujours non !

Sur ce sujet, l’intersyndicale est unanime : si la part des postes profilés est redescendue à 13% du total des postes dans l’académie, elle est bien trop importante dans le ratio des postes ouverts au mouvement publiés sur SIAM. L’ensemble des organisations syndicales souligne que le mouvement, déjà difficile pour les agentes, est encore plus réduit par ce profilage sur des critères qui ne sont pas réellement spécifiques.

Malgré les dérives constatées et dénoncées, l’administration campe sur sa position et indique examiner attentivement chaque demande de profilage. Le SNES-FSU soutient qu’il est possible d’améliorer l’attractivité des postes concernés et de stabiliser les équipes en améliorant les conditions d’exercice des CPE sur ces postes. En attendant, il demande un bilan sur plusieurs années du dispositif afin d’en évaluer la pertinence.

Ce groupe de travail est une première étape franchie vers une meilleure prise en compte des conditions de travail des CPE et de l’accompagnement nécessaire des situations de souffrances professionnelles. Le chemin est encore long et le SNES-FSU restera à l’offensive.