21 novembre 2025

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25 novembre 2025 - Entretien avec Naïma Charaï, directrice de l’APAFED

25 novembre 2025 - Entretien avec Naïma Charaï, directrice de l'APAFED

Entretien avec Naïma Charaï, directrice de l’APAFED, Association Pour l’Accueil des Femmes En Difficulté.



Cette association basée à Cenon, en Gironde, a eu 40 ans en 2024. Elle est engagée dans la lutte pour la promotion du droit des femmes et, en particulier, dans la lutte contre les violences conjugales. L’APAFED est l’association bordelaise choisie par Anne et Jean-Pascal Méral, ancien secrétaire général académique du S3, pour être destinataire d’une partie des dons versés à la collecte organisée suite au féminicide de leur fille Lison, en décembre dernier. Au-delà de l’émotion qui perdure, ce féminicide nous rappelle que les violences faites aux femmes sont un fait social, une réalité qui n’épargne personne.

L’action de l’APAFED est menée à travers différents services, offerts aux femmes, souvent accompagnées d’enfants, de façon inconditionnelle et confidentielle : écoute et accueil des victimes, hébergement d’urgence en CHRS (Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale) pour une mise en sécurité, hébergement en appartement quand le danger immédiat est écarté. Il existe aussi un pôle enfance pour soutenir et accompagner les enfants dont les mères sont victimes de violences. Au centre d’accueil et d’écoute, un accompagnement socio-éducatif (soutien, information, aide juridique, psychologique) est assuré. Les dons à l’APAFED vont directement aux femmes. En contribuant par exemple à l’achat de produits d’hygiène, de linge de maison, ils participent de la mise à l’abri.
Solidarité, humanisme, bientraitance, sont les valeurs qui guident les professionnelles qui assurent l’écoute et toutes les dimensions de l’accompagnement, avec la volonté de redonner aux femmes leur autonomie, leur pouvoir d’agir.
Pour Naïma Charaï, consciente que lorsque l’APAFED intervient c’est qu’il est trop tard, tous les corps de la société sont concernés par la lutte contre les violences. C’est ainsi que l’association intervient pour des formations en entreprises ou auprès d’élues dans des collectivités. Même si, dans les victimes accompagnées par l’APAFED, les victimes de violences sexistes ou sexuelles au travail sont minoritaires, le lieu de travail est, selon elle, un lieu de prévention à l’ensemble des violences, dans lequel il faudrait sensibiliser les travailleuses et les travailleurs par des formations obligatoires. Les syndicats doivent aussi participer à cette mission d’information des femmes et d’éducation des hommes et insister auprès de l’employeur pour qu’il tienne ses engagements.

Le SNES-FSU a pleinement son rôle à jouer. En effet, souligne Naïma Charaï, il n’existe pas de profil type de la victime de violence ou de l’agresseur. Ainsi, elle affirme que l’APAFED est souvent sollicitée par des professeures.

La section académique du SNES-FSU maintient sa pression auprès du rectorat, que ce soit pour l’accompagnement de situations individuelles dont elle est saisie ou pour exiger le respect des engagements du volet consacré à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles du plan d’action académique sur l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, notamment la mise en œuvre d’un plan ambitieux de formation et de prévention sur ces violences, y compris les violences sexistes qui ne doivent plus être banalisées.

L’APAFED héberge et accompagne aussi les enfants des femmes qu’elle soutient. Pour Naïma Charaï, le repérage et l’étayage des enfants victimes de violences intra familiales, ou qui vivent les conséquences des violences subies par leur mère, est essentiel. Les personnels de l’Education Nationale, constatent parfois des troubles du comportement, de l’attention (qui peuvent être des signaux d’alerte), reçoivent des confidences. Il faut alors référer de ces situations à l’autorité hiérarchique, s’appuyer sur les personnels ressource en la matière que sont les personnels sociaux et de santé. Naïma Charaï souligne que, depuis 2021, les enfants sont reconnus comme co-victimes des violences conjugales qui sont, en tant que telles, une maltraitance de l’enfant. Dans leur accompagnement, il est fondamental de restaurer leur lien, leur confiance, parfois abîmés, avec la mère et avec les adultes en général, dont les personnels de l’Education Nationale afin de prévenir la reproduction des violences commises ou subies.
Du point de vue de la prévention, elle confirme que la mise en œuvre de l’EVARS est essentielle. Elle contribuera à la déconstruction du patriarcat, condition nécessaire pour une société débarrassée des violences faites aux femmes.

Le SNES-FSU s’engage auprès des collègues pour que l’EVARS puisse être effective dans les établissements, avec les moyens nécessaires, sans céder aux pressions réactionnaires de tous ordres.

La section académique remercie Naïma Charaï pour son accueil chaleureux et le temps consacré à cet entretien. Elle s’est engagée lors de son conseil syndical académique du 14 novembre à effectuer un don à l’APAFED pour marquer son soutien fort à la lutte pour l’élimination des violences faites aux femmes.